La rentabilité de l’électricité solaire augmente régulièrement. D’ici à 2025, les coûts des composants devraient encore diminuer, permettant à l’énergie photovoltaïque de devenir compétitive, même sans soutien financier, explique l’Ademe dans une étude. Détails.
Le marché de l’énergie solaire n’en finit pas d’évoluer et il va poursuivre cette mutation dans les 5 à 10 ans qui viennent. Dans une étude intitulée « Photovoltaïque français, bilan et perspectives », l’Ademe s’intéresse à l’évolution du modèle économique dans l’Hexagone.
Les auteurs soulignent la particularité de la politique qui « a été de soutenir, sur le segment des toitures, des installations ‘intégrées au bâti’, dans l’objectif de développer une offre française ». Une politique qui aurait bien créé un tissu industriel nouveau, mais qui serait trop limité. Elle aurait notamment « manqué son objectif initial de placer des produits très innovants (dont des tuiles photovoltaïques, par exemple) sur une courbe d’apprentissage ». La période 2006-2009 aurait été marquée par des tarifs d’achats très élevés qui auraient pesé sur le coût global du dispositif de soutien. La R&D aurait, quant à elle, été efficacement soutenue ce qui aurait permis aux acteurs français d’être présents sur de nombreuses innovations. Cependant, la filière photovoltaïque chercherait encore un positionnement. « En 2014, les acteurs français sont en difficulté économique sur une majorité de segments de la chaîne de valeur, en particulier les fabricants de modules », explique l’étude. « Face à la compétition internationale, (ils) se spécialisent sur un certain nombre de niches et, dans le cas des industriels, jouent le pari de la différenciation par l’innovation », poursuit le document. Du côté de l’emploi, le constat est sans appel : le nombre de postes a été divisé par trois, entre 2010 et 2014. A la fin de 2014, la filière ne comptait plus que 16.000 emplois dont la moitié d’emplois directs.
La rentabilité sans subvention en 2021
Le prix des modules et capteurs devrait poursuivre sa baisse, même au-delà de 2020. Les auteurs du rapport estiment que l’innovation continue et les volumes produits permettront de réduire encore de 35 % le coût des composants de systèmes photovoltaïques. De quoi améliorer la rentabilité des installations, et permettre aux porteurs de projet de se passer de subventions. « La rentabilité des centrales au sol apparaît en 2021 dans le Sud de la France », annonce l’Ademe, qui prévoit qu’elles seront de plus en plus compétitives face aux prix du marché électrique. L’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie recommande qu’un rythme équilibré d’installation soit trouvé pendant la période de transition (2016-2020), avec la montée en puissance des modèles d’affaire sans soutien, « afin de maintenir le savoir-faire et l’emploi ». Elle souhaite qu’une distinction soit faite entre les prélèvements effectués sur les consommateurs (CSPE) pour le développement de gros volumes de photovoltaïque à bas coût, et le crédit d’impôt, pour le soutien des marchés de niche à forte valeur ajoutée.
La question de l’autoconsommation
Autre thématique abordée, celle de l’autoconsommation qui devra bénéficier d’un cadre réglementaire spécifique, clair et pertinent. Là encore, l’Ademe préconise « de renforcer la visibilité et la stabilité » du dispositif, en clarifiant la future RT 2020 et en planifiant des appels d’offres de la CRE. La rentabilité de telles installations dépendra de leur taille (effet d’échelle sur le coût de production), de la puissance souscrite (qui impacte le prix de détail de l’électricité) et du taux d’autoconsommation. Pour les grandes toitures (tertiaire, industrie) sans système de stockage, la rentabilité apparaîtra aussi en 2021 dans le sud du pays, pour un taux d’autoconsommation d’au moins 70 %. Pour les petites installations, toujours sans stockage, séjour linguistique en Australie le seuil de rentabilité pourrait même apparaître plus tôt, dès 2020. « Les nouveaux modèles d’affaire, dont l’autoconsommation, créent peu de valeur, ils impliquent des transferts de valeur qui ne devraient pas créer d’emplois au global mais qui les déplaceront », avertissent les auteurs. Ils évoquent un scénario de déploiement du photovoltaïque sur les futurs bâtiments BePos : « Les constructeurs de bâtiments neufs pourraient déployer 800 MW/an sur leurs bâtiments, une fois la RT 2020 en place. Pour une maison individuelle de 114 m² SHON, cela correspond à 1,7 kWc de PV soit 17 m² de surface en toiture ».
L’Ademe estime que 100 MW de nouvelles capacités pourraient être installées chaque année entre 2020 et 2025, qu’il s’agisse de grandes centrales au sol ou de panneaux posés en toiture, qui ne bénéficieront plus d’aides de l’Etat.
source : biactu En 2020, le photovoltaïque pourra se passer de subventions