Les oiseaux et éoliennes font-ils bon ménage ? Quand on allumera la lumière en 2020, une grande partie proviendra des énergies renouvelables et donc des éoliennes.

C’est le sens des orientations officielles et européennes qui prévoit 20% d’énergie verte d’ici là. Une question se pose : Dans quelle mesure les éoliennes nuisent-elles à la faune, et aux

oiseaux en particulier ?

 

Les oiseaux tués, un argument classique des anti éoliennes

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Aux USA, ils appellent ça le syndrome NIMBY, c’est à dire Not-in-my-Backyard, ou « pas dans mon jardin » : le fait que les gens (nous) ne veulent pas voir de nouveaux équipements, même utiles au bien public, s’installer près de chez eux. Ce syndrome du « pas chez moi » touche particulièrement les éoliennes : trop bruyantes disent les uns, disgracieuses et néfastes à la vue disent les autres, … et parfois, trop dangereuses !

Pour des éoliennes géantes de 170 mètres de haut, la vitesse des lames peut atteindre 270 km/h.

Bref, malgré l’intérêt indéniable des éoliennes, elles font polémique. Pourtant selon l’Ademe,  concernant les oiseaux, en Europe, les éoliennes n’en tuent, en moyenne et par an entre 0,4 et 1,2, bien moins que l’hécatombe causée par les lignes électriques ou les immeubles par exemple.

 

Dangereuses les éoliennes ?

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On ne peut nier le phénomène, les éoliennes sont responsables d’une mortalité d’oiseaux et de chauves-souris. Albert Manville, un célèbre ornithologue américain prétend que pas moins de 440.000 oiseaux sont tués par les éoliennes aux États-Unis chaque année.

Comme le note ce défenseur de l’environnement, ce nombre est à relativiser au regard des milliards d’oiseaux qui vivent et traversent les États-Unis chaque année. Les oiseaux se trouvent emprunter les courants éoliens les plus forts et donc les favorables à la production d’énergie éolienne.

Cela accentue la menace sur des espèces d’oiseaux parfois déjà menacées par la dégradation de l’habitat.

 

Mortalité des oiseaux et gratte-ciel

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Le phénomène est invisible mais massif : selon Daniel Klem, professeur d’ornithologie et de biologie américain, après une étude menée en 2009 sur 75 sites de Manhattan à New-York, un milliard d’oiseaux meurent à cause de collision avec une surface vitrée d’immeuble. Le traumatisme crânien qui en résulte est mortel une fois sur deux

Il n’y aurait pas de configuration architecturale sans risque pour les oiseaux : « les oiseaux ne peuvent tout simplement pas voir les surfaces vitrées comme des barrières à éviter ».

Réduire les éclairages la nuit permet de réduire les confusions avec les étoiles et la lune et donc réduire les collisions et les morts d’oiseaux. Une raison de plus de lutter contre l’éclairage des bureaux la nuit.

Chaque seconde 32 oiseaux meurent, victimes d’une collision avec un gratte-ciel ou un immeuble rien qu’aux Etats-Unis. Les surfaces vitrées d’immeuble sont la 2ème cause de mortalité des oiseaux après la destruction des habitats.

 

Les éoliennes moins menaçantes que les autres énergies

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Sans nier les risques des éoliennes pour les oiseaux, il faut noter qu’elles pâtissent de leur réputation en comparaison d’autres sources d’énergies, fossiles notamment, pourtant bien plus nocives et responsables de la mort de plus d’animaux.

Une étude américaine récente, « Comparaison des effets signalés et des risques pour la faune vertébrée « – qui semble être la seule étude comparative de la production d’électricité présentant un risque de mortalité pour la faune – conclut que, grâce aux émissions de dioxyde de soufre, d’oxyde d’azote, de dioxyde de carbone et de mercure, les centrales au charbon tuent bien plus d’animaux que les éoliennes.

  • Par ailleurs, il faut rappeler que bien d’autres facteurs humains tuent les chauves-souris et les oiseaux : aéroports et avions, plates-formes pétrolières, tours de refroidissement, grattes-ciel, … qui font certainement bien plus de victimes que les éoliennes.
  • La chasse tue plusieurs millions d’oiseaux chaque année.
  • Les chats sauvages ou domestiques sont une cause majeure de mortalité pour les oiseaux comme le montre une étude menée aux Etats-Unis.
  • Une ligne électrique haute tension tue plusieurs dizaines d’oiseaux par kilomètre et par an (il y en a 100 000 km pour ne parler que de la France).

 

Comme les chauves-souris volent rarement sur l’océan, les éoliennes offshore ont un effet négligeable sur leur mortalité. Globalement les éoliennes offshore semblent également causer une très faible mortalité des oiseaux.

Au Danemark, la ferme éolienne Nysted Offshore Wind Farm, a été été construite sur une voie de migration de canards sauvage. Pourtant, la mortalité de ceux-ci est très basse, chaque tour éolienne tue « seulement » 1,2 oiseaux par an.

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Le progrès aidant, on trouve d’ailleurs des manières d’atténuer le danger représenté pour les oiseaux par les éoliennes.

Une technique consiste à ralentir les aubes de turbines pendant la nuit – au moment où la vitesse du vent est de toute façon la plus basse et où les chauves-souris sont les plus actives. Le projet de recherche Casselman sur l’énergie éolienne aux États-Unis a permis de réduire la mortalité de la faune de 73%.

Faire démarrer les pales avec un vent plus fort : cette solution a été testée par le producteur électrique Iberdrola Renewables, dans le cadre de son projet situé dans le comté de Somerset, en Pennsylvanie,. Alors que la plupart des éoliennes sont prévues pour se mettre en marche lorsque la vitesse du vent atteint 4 m/s, cette entreprise a fait démarrer les siennes à 5,50 m/s. Conséquence positive,  le taux de mortalité des chauves-souris (qui volent moins par grand vent) a chuté de 93 %, tandis que la production d’énergie n’a chuté que de 1 %.  (1)

 

  • En Écosse, les chercheurs de l’Université d’Aberdeen, aidés financièrement par la population afin de défendre les espèces menacées obtiennent des résultats satisfaisants. Ils utilisent des radars pour détourner les chauves-souris des pales des éoliennes.

Car il reste un mystère irrésolu : pourquoi les chauves-souris et les oiseaux, si habiles par ailleurs, sont attirés par les pales en rotation et n’arrivent parfois pas à les éviter ? Comme l’attestent les ornithologues, certains oiseaux, dont la vue est le sens le plus affuté, voient les éoliennes et les évitent..

Pour les autres, il faudrait inventer des dispositifs d’alerte ou de répulsion plus efficaces. Les chercheurs continuent leur recherche à ce sujet….

La biodiversité et les éoliennes

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Les impacts des parcs éoliens sur la faune sont de 3 types  : mortalité, dérangement, perte d’habitat – variables en fonction des espèces, saisons, milieux, taille des parcs éoliens…

L’impact des éoliennes est relativement limité par rapport à celui d’autres activités (pollution atmosphérique, agriculture intensive, collision avec les vitres d’immeubles allumés la nuit, avec les voitures ou les fils électriques, prédation des chats domestiques, chasse, aviation, …) mais il n’est pas nul.

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